Le changement climatique en Colombie Britannique

Valse entre l’eau, le feu, l’air et la terre


Les événements climatiques extrêmes de 2021 ont énormément affecté le quotidien des Britanno-Colombiennes et Britanno-Colombiens. Ces épisodes peuvent vous sembler totalement opposés : sécheresses et glissements de terrains, feux de forêts et inondations… Pourtant, tous ces incidents sont intimement liés. Essayons de mieux comprendre cela. 

Les forêts, pierre angulaire des phénomènes climatiques des dernières années

Les écosystèmes forestiers agissent comme d’importants réservoirs de stockage de carbone. C’est ce qui les rend si importants lorsque parle de changements climatiques, puisqu’ils empêchent le gaz carbonique de circuler dans l’atmosphère et donc de contribuer à son réchauffement.

Les forêts n’ont pas seulement cette capacité à stocker du carbone. En effet, toute la végétation constituant les écosystèmes forestiers (les plantes, les arbres et les buissons, mais également leurs systèmes racinaires) permettent de contenir la terre en agrégats, c’est -à -dire en paquets solides, et de ralentir la circulation de l’eau, ce qui contribue grandement à stabiliser la structure des sols. C’est pourquoi, si les forêts meurent, sont exploitées ou brûlées, c’est un allié puissant que nous perdons dans notre processus d’adaptation au changement climatique.

En 2021, ce sont ces feux de forêt qui ont asphyxié Kamloops pendant tout l’été et qui ont ravagé le village de Lytton à 50km de là.

Qu’arrive-t-il lorsqu’il y a des feux de forêts?

C’est parce qu’elles tiennent une place centrale dans l’écosystème que les forêts sont à la fois les victimes et un facteur des modifications du cycle de l’eau. En effet, comme nous l’avons vu dans la première partie, le changement climatique impacte la répartition de l’eau dans une année. Ainsi, le climat est plus sec en été ce qui accroît le risque de feux de forêts.

Lorsque des feux de forêts ravagent année après année la province, la sécheresse des sols et la disparition des arbres posent les conditions idéales à la circulation de l’eau sur de longues distances. En automne et au début de l’hiver, lorsque la pluie tombe sur les sols ravagés durant les mois précédents, elle se retrouve plus rapidement dans les plans d’eau de surface comme les lacs et les rivières. Ceci a pour conséquence de faire augmenter leurs niveaux considérablement plus vite qu’il ne le feraient normalement. Le sol étant aussi affaibli par l’absence des systèmes racinaires succombe alors au pressions de l’eau et facilite les événements de glissement de terrain.

En 2021, ce sont ces glissements de terrains qui ont détruit une partie de l’autoroute Coquihalla et de la voie ferrée qui relient Kamloops à Vancouver et l’ouest de la province.

Les précipitations, parlons-en

Les pluies intenses sont des phénomènes normaux en Colombie-Britannique, notamment en raison de sa position géographique. La province est effectivement propice aux rivières atmosphériques, aussi appelés couloirs d’humidité ou “Pineapple Express” ( Express Ananas). Il s’agit d’un phénomène météorologique capable de causer des précipitations fortes en peu de temps. 

Ces couloirs se forment dans les régions tropicales de l’océan Pacifique pour venir se heurter aux Rocheuses canadiennes par la suite, ce qui provoque de fortes précipitations. Comme nous l’avons vu précédemment, avec l’augmentation des températures à l’échelle du globe, ce sont de plus grandes quantités d’eau qui s’évaporent et qui se déplacent dans l’atmosphère. Ceci a pour conséquence de multiplier ce type d’événement et leur intensité dans la province.

C’est le phénomène à l’origine des inondations du mois de novembre 2021, qui ont ravagé la région d’Abbotsford et une partie de la ville de Merritt, dont les habitants ont été évacués et accueillis en partie à Kamloops.

Et à Kamloops ?

Le climat de Kamloops est semi-désertique, c’est à dire un : « […] climat selon lequel les précipitations sont insuffisantes pour la survie des cultures, avec une évaporation dépassant généralement les précipitations. » Les conséquences du changement climatique dans la ville sont surtout en lien avec les risques de feux de forêts en été et l’augmentation des épisodes de chaleurs extrêmes.

Ceux qui habitent en ville sont également exposés aux phénomènes de chaleur extrême en milieu urbain, aussi appelés “îlots de chaleur”. Selon l’institut national de santé publique du Québec, les îlots de chaleur sont causés par les émissions de gaz à effet de serre, la perte progressive du couvert forestier dans les milieux urbains, l’imperméabilité des matériaux, leur capacité d’absorption de la lumière et leurs propriétés thermiques, la morphologie urbaine et la taille des villes, ainsi que la chaleur générée par les activités humaines (chaleur anthropique).

Et après ?

Les phénomènes climatiques sont tous interconnectés, ce qui aura pour conséquence de les voir s’accroître et s’intensifier. Selon les experts, les incidences climatiques de ce genre devraient quadrupler, mais toutes les prévisions dépendent de l’importance du réchauffement climatique à l’échelle planétaire.

Il est certain que les nouveaux paramètres climatiques impliquent une adaptation de la part de notre espèce. Cependant, rien n’est incontournable et surtout, les solutions sont souvent plus accessibles qu’on le pense.

La suite de cette série d’articles vous proposera des solutions permettant, à l’échelle individuelle et communautaire, d’accroître notre résilience et les retombées négatives de ces changements sur nos vies.


Sources :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1842288/pluie-inondation-colombie-britannique-meteo-pineapple-express
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1840841/inondation-pluie-colombie-britannique-glissements-terrain-changements-climatiques-simulation-climat
https://atlasclimatique.ca/forets-et-changement-climatique
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-11-18/la-colombie-britannique-victime-des-changements-climatiques.php